Cette exposition est une bombe sexuelle. Puisqu'il s'agit de voir
les fantasmes qui affleurent dans les images présentées. A titre d'exemple, allons-y de quelques têtes de chapitre: «Poussin et l'inversion des sexes», «Greuze ou l'inceste», «David (et autres) et la peinture pédophile», «Géricault ou le coït sadique», «Ingres et le saphisme», «Degas l'exhibitionniste», etc. Mieux vaut prévenir de suite toutes les déceptions: mis à part quelques culturistes de Michel-Ange, une ou deux séances «bondage» chez Delacroix ou des scènes orgiaques pipi-caca d'Otto Mühl, il n'y a guère de cul. La volonté du conservateur/artificier Régis Michel est de «faire du Louvre un peep-show de l'inconscient». Quitte à ajouter immédiatement: «C'est-à-dire que, comme dans tout peep-show, on ne voit rien.»
Rien? C'est là que se tapit la bombe à retardement; dans la forme anodine que prend cette exposition. Aucune dramaturgie alambiquée. Pas de parcours sophistiqué, de décor bavard, pour ces séries de dessins (plus deux ou trois Monochromes et un film d'Yves Klein, des photos et des films de l'actionniste autrichien Otto Mühl) rangées dans des cellules sombres. En ordre banalement chronologique, la configuration de l'exposition est carrément pudique.
Certes, les dessins sont exceptionnels, commis par Michel-Ange, Delacroix, Rembrandt, Degas, Duchamp, Artaud" Ce dont Régis Michel se fout pas mal. «Oublier qui est quoi, se défaire de l'artiste, mythe, contexte, origine ["]. Il faut laisser les morts ente