Menu
Libération
Critique

Bébé Johanson. Le crooner foetal suédois signe «Poison», troisième album avalable. Poison de Jay-Jay Johanson, RCA/BMG.

Article réservé aux abonnés
par BAYON
publié le 17 avril 2000 à 0h02

Ce qui a changé, depuis les débuts couinants du «têtard» fétiche

suédois des canaux parisiens, Jay-Jay Johanson, ce n'est pas lui. Même son émule dublinois Perry Blake lui ressemble de plus en plus: cheveu délavé, tête et voix d'eau. Jay-Jay ne bouge pas d'un cil, c'est toujours ce Bourvil Glamorama qui se rêverait Sinatra trip pop mâtiné de Klaus Nomi clipé par Molinier pour la RATP (station Europe, vieillie à neuf.) Son deuxième album, Tattoo (1998), était un peu moins bien que le troisième qui sort, Poison. Ce dernier, mis à part l'amplification du nombre de plages (9, 13, 16) et des arrangements, est peut-être le meilleur du lot parce que ressemblant comme deux gouttes d'eau (d'éther? de lait?) au manifeste Jay-Jay Johanson: Whiskey (1996). «Le même en mieux» comme blason, c'est une litanie électro-existentialo-amniotique familière toujours remise, dodelinement autistique pour certains agaçant et d'autres envoûtant. Une neurasthénie dont l'intéressé se défend.

«Les pieds sur terre.» «Je me tiens pour heureux. C'est merveilleux de faire ce que je fais, et j'en conçois une gratitude quotidienne. En fait, je suis heureux comme je ne l'ai jamais été. Avoir trente ans a été un grand moment. Je me sens plus ouvert, plus sûr de ce que je suis et fais.» Quitte à concéder, d'Humiliation en Suffering explicites au menu de la livraison 2000: «Evidemment, j'ai aussi mes moments de cafard et de solitude. Comme tout le monde. Dans l'ensemble, ces moments-là sont en même temps les plus