Entre chien et loup, dans la pénombre d'un studio à proximité des
Buttes-Chaumont et de la place des Fêtes. Cinq à six prises par chanson en quelques jours de janvier. Debout en cabine. Balançant machinalement d'un pied sur l'autre. Inspirant-expirant fiévreusement entre deux interprétations. Se posant à lui-même des questions que le micro répercute. Face à lui, à portée de main, s'est assise la professeur de chant, la vocal coach Sarah Sanders qui travaille selon cet axiome: «On n'a pas une voix, la voix c'est soi.»
Infusion de thym. Pendant l'enregistrement, la dame se tient toujours auprès d'Etienne, lequel doute encore, «en perfectionniste insatiable». Leur travail a commencé six mois plus tôt «la tonalité, la couleur, le timbre, la détente» et ils poursuivent en studio un dialogue permanent qui s'attache à la moindre syllabe. Daho, ce jour-là, trouve qu'il n'est «pas assez dedans». Sarah Sanders en dit peu pour le corriger, encourager le chanteur timide dans la voie qu'il a choisie: «Se montrer plus, se faire entendre, moins retenir, oser d'autres tonalités.» «Je suis le diable qui le pousse à ouvrir, dit-elle. Il commence à aimer ça.» Pendant la pause, elle prépare une infusion de thym. Dans le studio brûle une bougie. Sur la console des Marlboro Light et un bouquet rond de roses rouges: ce jour où il enregistre le Brasier, Etienne Daho a 44 ans. L'ambiance est studieuse. Et le septième album d'Etienne Daho, Corps et Armes, en même temps qu'une vive déclaration d'h