Il y a eu Compay Segundo. Il y a eu Ruben Gonzalez. Il y a eu
Ibrahim Ferrer. Il y a maintenant Omara Portuondo. Dans son travail d'exhumation des vieux artistes musicaux cubains, la bande de Ry Cooder et Juan de Marcos poursuit son oeuvre pie avec la mise en orbite de cette grande chanteuse cubaine de 69 ans.
Dans le film Buena Vista Social Club, une scène la fit connaître du public occidental: elle y chante un boléro avec Ibrahim Ferrer, l'antique chanteur à la casquette, enroulée dans les mouvements de caméra circulaires de Wim Wenders. Elle connaît, depuis lors, un succès sans précédent en Europe et aux Etats-Unis, enchaînant tournée sur tournée.
Celle du moment, qui l'amène ce soir au Casino de Paris, accompagne un disque nouveau, parfait résumé sonore du kitsch nostalgique que le Buena Vista a su créer: de grands airs, lents le plus souvent, bercés par des cuivres omniprésents et de très bonnes percussions qui se laissent un peu trop entendre, comme pour rappeler la mesure du temps néocolonial perdu. A écouter en buvant un mojito sous les palmiers, une main sur les oeuvres romanesques complètes d'Hemingway et l'autre dans les jupes du fantôme de Rita Montaner, la grande chanteuse cubaine de la première partie du siècle.
On y prend grand plaisir: la voix d'Omara fait comme souvent merveille, entre autres dans la Sitiera et, une fois encore, dans le boléro Veinte años. Mais on ne peut oublier que le Buena Vista Social Club est devenu ce luisant caveau où peu à peu l'on emba