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Libération
Critique

Dans «Drôle de Félix», le héros s'invente une famille amicale et sexuelle. oedipe gay et sans complexe. Drôle de Félix d'Olivier Ducastel et de Jacques Martineau, avec Sami Bouajila, Patachou, Ariane Ascaride, Pierre-Loup Rajot, Charly Sergue, Maurice Bénichou. 1 h 35.

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publié le 19 avril 2000 à 0h00

Félix (Sami Bouajila) est un jeune Français d'origine arabe,

homosexuel, séropositif, chômeur et qui n'a jamais connu son père. Cela fait beaucoup de particularismes. Pourtant, Félix ne se vit pas du tout comme minoritaire. Il a une vie de couple épanouie avec un sympathique enseignant (Pierre-Loup Rajot). Il se soigne (et la scène où les patients comparent leur bi, tri ou pentathérapie est traitée, non sans audace, en comédie). Enfin, il met à profit la perte de son emploi pour mener à terme un projet personnel, la recherche de son père, dont il a récemment retrouvé la trace. Commence alors un tour de France, de Dieppe à Marseille où la question de l'identité sera doublement problématisée: témoin d'une agression raciste, Félix n'osera pas présenter son témoignage par peur de se retrouver confronté à la haine raciale; au fil de ses rencontres, il relativisera peu à peu la nécessité de retrouver son père.

Qui sommes-nous? D'où venons-nous? L'originalité de ce second film du tandem Ducastel et Martineau (après Jeanne et le garçon formidable) est de délier ces deux questions culturellement vissées l'une à l'autre. La question de l'identité n'est pas simplement réductible à celle des racines. La plus belle idée de Drôle de Félix tient dans ce volontarisme anti-oedipien. Chemin faisant, Félix découvre qu'il ne s'est pas posé la bonne question. A ce «qui est mon père?» que la vie a laissé en suspens, rien ne l'oblige à répondre. Dans ce film farouchement antidéterministe, une famill