Evreux, envoyée spéciale.
De la Normandie, Tadashi Kawamata ne connaissait que le camembert. Mais quand la ville d'Evreux (50 000 habitants) a invité l'artiste japonais à intervenir dans son nouveau festival d'art contemporain, les Passavents, il a fait un saut de Tokyo. A arpenté l'histoire et les rues de cette ville à moitié détruite entre 1940 et 1945. Et a conçu le projet d'une installation éphémère, intitulée «Sur la voie»: une passerelle de bois reliera durant deux mois les quelques monuments historiques rescapés des bombardements, en centre-ville, tel «un lien entre le passé et le futur».
Le projet a déjà suscité de vives polémiques. Le patriarche Roland Plaisance, 74 ans, maire communiste depuis plus de vingt ans, reste placide: «L'idée peut paraître hardie dans une ville de province et à un an des municipales. C'est un acte de politique culturelle important, mais je l'assume.» Le Front national a crié haro sur le coût (2,5 millions de francs), les écologistes réclament des artistes locaux, mais le maire tient bon et le chantier vient tout juste de démarrer. Depuis une dizaine d'années déjà, Evreux affiche une politique culturelle ambitieuse, délibérément axée sur l'art contemporain. «La culture, c'est du social, lance son maire. Elle doit relever le niveau social de la population. C'est aussi un atout économique: donner l'image d'une ville tournée vers le futur ne peut qu'attirer les entreprises.» Biennale. La municipalité veut passer à la vitesse supérieure. Les de