Jerez (Espagne), envoyé spécial.
A l'orée de la semaine sainte, 20 000 pèlerins accoururent à Jerez, dans le sud de l'Espagne, pour assister à un festival de rock placé sous le signe de l'asperge. Le ciel vit-il d'un mauvais oeil ce culte païen? Toujours est-il que tout le monde fut aspergé, et Esparrago Rock idem qui, balayé par la tempête, dut déclarer forfait à peine commencé. Dimanche, les rues de Jerez offraient un étrange spectacle: les pharisiens endimanchés venus voir les cortèges de pénitents porteurs de vierges extatiques et de Christs transpercés croisaient des hordes d'adolescents maculés de boue, portant en guise de croix des sacs à dos" Mais, d'abord, pourquoi l'asperge? Parce qu'en 1989, dans un village de la province de Grenade, une poignée d'amateurs de rock décida d'offrir un peu de détente aux milliers de jeunes venus pour la cueillette de la fameuse tige de la famille des liliacées. Rançon du succès, pour l'édition 2000, un nouveau site est choisi: le circuit de F1 de Jerez. L'ambition est de lancer avec éclat la saison européenne des festivals. A l'affiche: Cranberries, Lou Reed, Cypress Hill, Asian Dub Foundation, quelques fleurons ibères (Macaco, Celtas Cortos, Dover) et d'Amérique du Sud. Plus un soupçon de flamenco et un chapiteau techno.
Samedi en début d'après-midi, dans le village de tentes multicolores planté face à l'entrée du site, les jeunes roulent des joints et préparent dans l'enthousiasme le kalimotxo, subtil mélange de Coca et de vin rou