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Libération
Interview

Pour Manus Brinkman, «l'Afrique risque de perdre son patrimoine». «Ces pièces sont intouchables».

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publié le 20 avril 2000 à 23h59

Manus Brinkman, Néerlandais de 50 ans, est secrétaire général du

Conseil international des musées (Icom), qui regroupe 15 000 conservateurs et responsables de musées dans le monde. Il réagit à l'acquisition de trois sculptures nok par le musée des Arts premiers.

L'Icom vient de publier une «liste rouge» des oeuvres africaines" Cette procédure a déjà été appliquée à des espèces animales ou végétales menacées, mais, à ma connaissance, c'est la première fois que des biens culturels en font l'objet. Les conservateurs sont affolés: le trafic prend une telle ampleur que l'Afrique risque de perdre son patrimoine culturel. Nombre d'objets ont disparu du continent. C'est le cas, en tout premier lieu, de ces terres cuites. Les musées du Nigeria en possèdent quelques-unes, mais aucune sculpture complète. Ces pièces, qui sont très nombreuses sur le marché de l'art, ont toujours été interdites de sortie. Elles sont donc forcément sorties en contrebande, et à ce titre doivent être intouchables. Le code de déontologie de l'Icom est très clair à ce sujet. Un des premiers effets de la publication de cette liste rouge a justement été de faire retirer, à la foire des antiquaires de Maastricht, deux statuettes nok du stand d'un galeriste belge. Elles ont été saisies, et l'ambassade du Nigeria entame une procédure pour leur restitution.

Mais le musée français a demandé l'autorisation du Nigeria" Juridiquement, c'est vrai, les deux cas diffèrent. Il n'en demeure pas moins que cette acquisition est,