«Comment vont mes petits? Ils n'ont pas trop froid?», demande Mama
Posse, inquiète, à Sidy, manager de ses deux fils membres du Bideew Bou Bess. Révélation de la compilation de rap sénégalais, Da Hop, produite par Youssou N'Dour et son label Jololi, «les petits» sont partis en tournée en Europe avec le roi du mbalax. «On les lui a confiés, assure Mama Freestyle, parce qu'on sait que c'est un bosseur et qu'on l'aime bien ici.» Ici, c'est la cité Hamo III à Golf Nord, quartier populaire de Dakar coincé entre la ville-dortoir tentaculaire de Piquine et Guediawaye. Les deux mamas, qui se sont donné des noms de rappeuses, organisent dans leurs petites maisons entourées de sable des réunions avec les fans du quartier pour les tenir au courant de l'évolution de la tournée. «Ce sont les premières mamans qui ont poussé leurs enfants à faire du rap, affirme fièrement Mass PMD du Bideew. Notre première ambition a été de gagner la confiance de nos parents avant de chercher à passer à la télé. Il a fallu les convaincre que les rappeurs n'étaient pas des voleurs, menteurs et drogués et qu'on respectait tout ce que disait la religion.»
Une rue, un groupe. Dans un pays à 90% musulman, où la famille est une institution avec laquelle on ne plaisante pas, devenir rappeur n'avait rien d'évident et pourtant cette expression a conquis la jeunesse sénégalaise. Chaque rue a son groupe. Positive Black Soul, Daara J, Pee Froiss, Kantolis, Jant-Bi, Wa BMG 44 sont devenus les porte-parole des étudiants