«Le Cinémascope, c'est fait pour les serpents!» Fustigeant le format
alangui, Fritz lang ne pouvait prévenir ceci: un jour viendrait une horde de Japonais, plus pornos les uns que les autres, qui aplatiraient les ébats dans un déploiement de fornications horizontales. Ils s'appelleraient Koji Wakamatsu ou Tatsumi Kumashiro, leurs romans porno sauveraient, en 1973, l'honorable maison Nikkatsu de la faillite, tout en dégorgeant des films d'une opacité et complexité rares, quelque chose comme une mécanique glaciale. Deux films de Kumashiro ressortent cette semaine à Paris (trois autres cet été) pour faire état de cet érotisme abandonné à ses tourments, à mille lieux de la chtouille que vous refile le porno occidental. Ici, pas de surhommes satisfaits de leurs éjaculations abondantes sur une poignées de donzelles ravies, mais un cinéma orchestré par frottements, où l'orgasme est interdit, où le mâle est un petit soldat parti à l'attaque du noir continent, à qui ne sera délivré qu'une petite mort lente, très lente, à coup de frustrations, d'interruptions, d'excitations clitoridiennes; un homme compliqué, peu soucieux de «jouir de la jouissance de son organe», pris dans une posture froide qui fait se confondre le voyeur et le masochiste. Kumashiro, comme par hasard, aimait Sade comme son miroir et finira par adapter Justine.
Torpeur, solitude. Le plus étrange, c'est que les films de Kumashiro produisent tous le même effet. On oublie, de loin en loin, les plans de cul pour ne reteni