Exodes est le dernier projet de Sebastião Salgado, correspondant d’un monde où les pauvres dorment dans les cimetières. Où les fleuves charrient des cadavres. Moins emblématique que la Main de l’homme, louant les hommes au travail (1986-1991), Exodes montre la vie des immigrés, chassés par la guerre, la répression, les lois économiques. Un sujet grave, dans la tradition du photoreportage tel que l’affectionne Salgado, qui s’est acquis, depuis ses débuts en 1973, récompenses et renommée.
Son style a fait sa gloire: du noir et blanc et cette lumière irradiante dont il se sert pour transfigurer ses sujets. Du Brésil, il a aussi gardé le sens de la convivialité, utile pour communiquer en ces temps de «salgadomania». C'est bien simple: il est partout! Au point de susciter une controverse sur sa représentation du réel, trop égoïste d'après ses détracteurs, qui le voient hors champ du monde qu'il regarde. «Son travail vient du coeur», rétorque Henri Cartier-Bresson, qui l'assure de son soutien. Ami de longue date ils étaient coéquipiers à l'agence Gamma, Raymond Depardon, lui, reproche à Salgado de ne pas choisir: «Je trouve que Sebastião n'a plus besoin de cette caution journalistique qu'il continue de chercher pour photographier le réel. Il a tous les mécanismes de politique, de démarche, de responsabilité d'un auteur. Pourquoi ne pas reconnaître qu'il est tout simplement un photographe?»
Comment est né le projet d’«Exodes»?
Après «La main de l'homme», quand je me suis a