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Libération
Critique

Théâtre. Cinq troupes atypiques tournent en banlieue. La java des bannis de la scène. Ban-lieux-dits, La Java des lieux. Ce soir à l'Echangeur de Bagnolet (01 43 62 71 20), demain à l'usine Hollander de Choisy-le-Roi (01 46 82 19 63) à 20h. Dimanche dès 17h, à Gare au théâtre à Vitry-sur-Seine (01 46 82 62 86).

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publié le 21 avril 2000 à 23h56

Le Hublot à Colombes, mercredi soir, à une minute du démarrage de la

soirée: la sono ne marche pas, les mômes jouent dans l'escalier et le public commence à envahir l'espace exigu de l'ancienne métallurgie dans la plus totale anarchie. Mais personne ne s'affole vraiment. On profite du contretemps pour se saluer et prendre des nouvelles. Les gens viennent au théâtre des Héliades en voisins et la compagnie ouvre ses portes sans excès de cérémonie. Et puis, on ne sait comment, le son revient, on se serre sur les bancs de bois ou à même le sol, la première de «Ban-lieux-dits» peut commencer.

Voilà quelques années, au même endroit, une quinzaine d'artistes implantés autour de Paris se regroupaient en «lieux-dits». «Jusqu'à preuve du contraire, écrivaient-ils alors, ces lieux existent ou existeront, habités par des compagnies qui ont choisi de vivre le théâtre et de le faire vivre au public à contre-courant de la société de consommation.»

Fortes têtes. Il a fallu du temps pour accorder les singularités. Ils sont cinq aujourd'hui à signer l'événement de «Ban-lieux-dits»: Mustapha Aouar, de Gare au théâtre; Roger Després, de la Ferme du bonheur; Régis Hébette, de l'Echangeur; Patrice Bigel, de l'usine Hollander et Véronique Widock, du Hublot. Fortes têtes et francs-tireurs, ils explorent des pistes artistiques radicalement différentes, avec pour points communs une réputation d'«alternatifs», la banlieue, la précarité et le travail avec des amateurs. En échange d'un fonctionnement incon