Il n'a pas fallu attendre longtemps: après l'acquisition par le
nouveau musée des arts premiers de trois sculptures Nok provenant de pillages au Nigeria et exposées aujourd'hui au Louvre (Libération des 13 et 20 avril), plusieurs pièces Nok sortent de l'ombre pour être proposées sur le marché. Certaines étaient hier au programme d'une vente aux enchères à Drouot. «Il y a bien des oeuvres qui sont présentées au musée», s'est spontanément défendu l'expert de la vente. Apparemment insensibles à ces arguments, le Nigeria, mais aussi le Niger, ont porté plainte, si bien que 17 terres cuites qu'on soupçonne de provenir de sites pillés dans ces deux pays ont dû être retirées in extremis de la vente. Ces pièces Nok (Nigeria) et Bura (Niger) figurent sur la «liste rouge» que vient de publier le Conseil international des musées et qui répertorie les sites africains qui ont été entièrement pillés. Elles devaient être saisies, en l'attente des explications de leurs propriétaires sur leur provenance.
Loin des chefs d'oeuvre du Louvre, la plupart sont estimées quelques milliers de francs. Un buste hermaphrodite Nok du site sokoto, présenté comme «étant une des plus grandes oeuvres connues» de cette culture, était évalué autour de 40 000 francs. Mais l'action des deux pays africains sonne comme un avertissement symbolique aux marchands et collectionneurs tentés de profiter de l'occasion, après la brèche ouverte par le nouveau musée.
Protestations africaines. Pendant ce temps, la polémique