Un asile de fous dans la banlieue de Belgrade, un bâtiment déglingué
à l'abandon, un hôpital sans médicaments ni nourriture, où les salaires ne sont plus payés depuis des mois. Le médecin décide de quitter les lieux à la tête de ses malades pour les ramener chez eux dans la capitale. A la mairie où il vient crier misère on lui répond «qu'ils sont la cinquième délégation de mourants de la journée». A la traîne de leur psychiatre allumé, le groupe d'une quinzaine d'évadés de l'asile, erre en ville et pille un grand magasin. Il y a Joja qui se voit basketteur en Californie et Violeta qui s'imagine en aguichante vedette de «turbo folk». Le groupe achève son périple dans la villa d'un directeur de théâtre fils d'un des internés, vieillard jovial et barbu saisi par l'amour et ancien haut responsable de la police politique. Commence alors un démentiel huis clos sur fond de règlements de compte familiaux dans une ville rongée par la violence, où les acteurs se suicident en scène et où l'on peut mourir abattu en pleine rue dans l'indifférence générale. La vie dite «normale» est en somme encore plus folle que celle derrière les murs de l'asile ce qui n'est guère surprenant dans une société bouleversée par une décennie d'hystérie chauvine, de guerres et de débâcle économique.
Air de famille. La métaphore serait banale s'il n'y avait la magie de ce film étrange et absurde, où l'on retrouve en plus grinçants les délires des meilleures oeuvres d'Emir Kusturica. Cet air de famille n'est pas