Il y a des hommes d'affaires aussi mégalomanes que Louis XIV, mais
il y en a peu qui vont jusqu'à se payer un «goûteur» personnel pour tester leur plats. Quand Frédéric Belmont (Bernard Giraudeau) jette son dévolu sur Nicolas Rivière (Jean-Pierre Lorit) pour lui faire remplir cet office, l'aventure, entre eux, se noue comme un duel et le spectateur embarque pour une mise à mort.
La chose est d'autant plus claire que Bernard Rapp et Gilles Taurand, son coscénariste, annoncent l'issue fatale du film dès les premières images d'Une affaire de goût, dont la narration se déroule comme une enquête sur un assassinat accompli. Elle reste néanmoins d'autant plus mystérieuse que le scénario désactive illico, aussi, tous les schémas anecdotiques sur lesquels se fondent les policiers courants: il s'avère rapidement clair qu'il n'y a pas ici de complot maffieux et de menaces d'empoisonnements dans l'air. Non, cette histoire-là, qui débute à table pour évoluer sur bien d'autres terrains, ne traite, pour autant, que de goût. Autrement dit: d'attraction. C'est un thriller psychologique dont tout le suspense et l'humour noir se concentre sur les mécanismes et l'ambiguïté d'une fascination perverse.
Adaptation. Quatre ans après son long métrage Tiré à part, Bernard Rapp s'est une nouvelle fois adonné, en signant ce second film, à son penchant pour l'adaptation littéraire: Une affaire de goût est inspiré d'un roman homonyme de Philippe Balland. Bernard Rapp y fait montre d'une fluidité amélior