Par l'effet conjugué des hasards sadiques de la distribution et de
la rituelle bousculade précannoise, près de quinze films sont déversés aujourd'hui sur les écrans français, et ce sera pire mercredi prochain. Dans cette valse cruelle, il serait vraiment dommage que la Parenthèse enchantée échappât à la curiosité des amateurs. Deuxième long métrage de Michel Spinosa (après le remarqué Emmène-moi), ce film est celui d'une époque, les années 70, dont il peint la fresque avec ce qu'il faut de détachement et de rigueur, de réalisme et de rêverie, de sucre et d'acide.
Chaos. Une époque ou plutôt un groupe de personnages bien de leur temps, c'est-à-dire violemment perturbés par la vague de libéralisation des moeurs qu'avait soulevé Mai 68 et sur la crête de laquelle ils vont surfer, si l'on ose dire de plain-pied, dans un chaos sentimental presque baroque, cheveux, morale, sexualité et politique au vent.
Ils sont donc cinq amis, trois filles et deux garçons dont on pourrait résumer partiellement les relations selon une boucle adultérine parfaite: Vincent aime Alice mais c'est à Marie qu'il est marié et c'est Eve qu'il baise, cette dernière étant l'épouse de Paul, meilleur ami de Vincent. La fille de l'air est donc Alice, môle extérieur au quatuor de base mais autour duquel s'articule toute l'histoire: l'inaccessible, l'insaisissable Alice sera aussi celle qui mordra à pleines dents dans les emballements (féminisme, lutte pour le droit à l'avortement") de cette période agitée entre t