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Libération

Art: Londres protège son marché. Le silence du gouvernement français sur la réforme européenne du droit de suite sur les ventes d'oeuvres inquiète les professionnels.

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publié le 27 avril 2000 à 23h47

Les professionnels du marché de l'art s'alarment de l'abdication du

gouvernement dans la bataille européenne. Il y a un mois, en effet, préparant une directive, les pays membres de l'Union ont consenti à la Grande-Bretagne quinze ans de dérogation pour appliquer le «droit de suite» sur les ventes d'oeuvres d'art. L'affaire n'est pas bouclée, puisque cet accord doit encore être soumis au Parlement européen avant de revenir en Conseil des ministres. Mais le silence du gouvernement, il est vrai entretemps bousculé par le remaniement, fait craindre le pire aux marchands, aux commissaires-priseurs et aux galeristes.

Depuis 1920. En France, ce droit (qui n'est pas une taxe) est perçu sur les ventes aux enchères, afin d'être reversé aux artistes vivants, puis à leur ayants droit pendant soixante-dix ans après leur mort (cinquante ans avant 1997).

A l'instar du droit d'auteur des écrivains, il représente une protection patrimoniale, même si les défauts de son organisation sont devenus criants avec le temps. Il a été en effet institué en 1920, à une époque où les artistes ne bénéficiaient pas de la Sécurité sociale. Le cas de la famille Modigliani, vivant dans la misère tandis que les peintures de l'artiste s'arrachaient des fortunes après son décès, a particulièrement ému l'opinion publique.

Malheureusement, ce dispositif n'existe pas en Grande Bretagne. Rien de plus simple donc que de prendre son tableau sous le bras et de le vendre à Londres. Avec un tel handicap, Drouot a fini par di