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Libération
Critique

Danse. La dernière troupe entièrement masculine de gambuh, théâtre ancestral, quitte son île pour la première fois. Les guerriers coiffés de fleurs de Bali. Gambuh, théâtre balinais, jusqu'au 30 avril à 20 h 30; dim. à 17 heures. Théâtre équestre Zingaro, Aubervilliers. Tél. 01 45 44 41 42.

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publié le 27 avril 2000 à 23h48

L'orchestre de grandes flûtes, de clochettes et de petites

percussions suspend sa phrase avant de redoubler d'intensité: la reine fait son entrée. La tête inclinée, coiffée d'un diadème surmonté de fleurs de bougainvillée, Galuh s'avance, à la fois humble et hiératique, pliant un genou après l'autre avec une retenue extrême et repoussant à chaque pas la traîne de son sarong d'un coup de pied sec et adroit. La tension creuse les plis du front lorsqu'elle module les premiers mots de sa partition et ramène le bras vers le haut du corps pour réajuster l'habit de cérémonie. Gusti Ngurah Lawa est un homme. Selon la tradition, le gambuh (théâtre classique hérité de Java, développé à la faveur du faste des cours balinaises au XVe siècle) était exclusivement masculin. Avec le déclin des familles princières, les villages ont repris cet art qui mêle musique, théâtre et danse pour les célébrations des temples. Geste épique à l'origine, où l'enlèvement d'une belle princesse déclenche un âpre combat entre le Bien et le Mal, le gambuh s'est converti en rituel hindouiste au début du siècle; avant d'évoluer vers le spectacle de scène où s'aventurent depuis peu des femmes.

Rôles à vie. Pour la plupart très âgés, les onze danseurs-acteurs de Kedisan sont les derniers tenants de la forme ancienne. Les rôles sont attribués à vie. Désignés par la communauté pour figurer tel ou tel personnage du gambuh, ils sont au service du temple et dispensés d'offrandes, mais ne touchent aucune rémunération. Gu