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Critique

DANSE. A Champigny-sur-Marne, Haïm Adri s'empare de «la Maladie de la mort» pour un duo tellurique. Duras en toute impudeur. Palpitation, d'Haïm Adri, ce soir à 20 h 30 au Théâtre Gérard-Philipe, 54, bd du Château, Champigny-sur-Marne; tél.: 01 48 80 96 28.

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publié le 29 avril 2000 à 23h43

Il est des théâtres dont on ne soupçonne pas l'existence . C'est le

cas du Théâtre de Champigny où l'on a découvert les premiers travaux de la compagnie Sisyphe heureux, composée de jeunes créateurs jusque-là appréciés en tant qu'interprètes: Muriel Adri et Caroline Picard chez Maguy Marin, Haïm Adri, entre autres chez Ariane Mnouchkine et Olivia Grandville.

Après avoir écrit un solo, Haïm Adri vient de mettre en scène la Maladie de la mort de Marguerite Duras. Courageux pour des débuts et des moyens réduits (coproduction de la Ville de Champigny et du Centre chorégraphique national de Maguy Marin). Ambitieux aussi. Heureusement l'ambition n'a ici aucune prétention, portée par la sincérité farouche de l'équipe.

En déséquilibre. La scène est le livre, le lit qui happe l'amour sous contrat, l'amour qui court à sa perte. Un homme a payé une femme pour quelques nuits. Le duo se condamne ainsi à vivre ce temps qu'il s'est imparti, sans rien savoir de ce qu'il adviendra, avec pour seul lien le contrat. De son livre, Marguerite Duras disait: «un texte en état culminant de déséquilibre et pourtant irréductible». C'est ce qui se passe dans Palpitation, spectacle où chaque geste est consigné comme chaque mot. Le déséquilibre est omniprésent, les danseurs évoluant sur un petit plateau pentu et glissant qui sert également d'écran de projection pour une mer improbable, et des draps froissés plus très propres. L'irréductibilité est dans les mots et dans la relation terriblement charnelle q