«La France possède un grand circuit musical, mais il a toujours été
fermé pour moi.» Thione Balago Seck, le très populaire griot urbain sénégalais, commente sobrement pourquoi, selon lui, il n'a jamais connu l'opportunité internationale de ses compatriotes Youssou N'Dour, Baaba Maal ou Ismaël Lô. Cet homme à la complainte tout en arabesques, n'a peut être aussi jamais essayé de jouer la carte de la séduction folklorique, ou de l'emballement sonore auprès du public «toubab». Il n'a pas non plus la prétention de faire vibrer de sa voix chevrotante.
Thione Seck est le père d'une variété dakaroise, synthèse des rimes religieuses, du genre rythmique m'balax et d'une touche de mélodie orientalisante. Sa carrière couvre une trentaine d'années sur un circuit partagé entre les boîtes de nuits de la capitale sénégalaise, quelques lieux de spectacles dans le pays et des prestations en Europe, en général exclusivement destinées à la communauté expatriée. Mais s'il faut établir un bilan de la chanson moderne au pays de Senghor, Thione Seck reste comme une icône, une image intouchable de ce qu'était le m'balax des années 70-80, à la fois fastes, innocentes et riches en découvertes.
Authentique griot. Né en mars 1955, Thione Seck est un authentique griot mouride, par un grand-père chanteur à la cour royale du Damel du Cayor et une grand-mère maternelle, Rouba, célèbre dans le centre du Sénégal. Il a bravé la colère de son père, récitateur religieux des textes du guide Cheikh Ahmadou Bamba. «C