Györ, de notre correspondante.
Dix ans après la création de Mediawave, il règne toujours un petit grain de folie au plus grand festival transculturel d'Europe centrale, organisé à Györ (100 kilomètres à l'ouest de Budapest). Outre une impressionnante sélection de films indépendants du monde entier (90 retenus sur 800 candidats), on croise l'insolite au détour des ruelles de cette paisible cité baroque à mi-chemin entre Budapest et Vienne: une rencontre de chevaliers teutoniques sous les arcades néobyzantines de la vieille synagogue de Györ, un débat sur l'hédonisme ou un concours d'idiots du village (avec épreuve de luge sur l'herbe). D'excellents concerts les cuivres de Boban Markovic, acolyte d'Emir Kusturica, le violon ethno-jazz de la Slovaque Iva Bittouva ont jalonné l'édition 2000, dont le premier prix a été raflé par l'Allemand Veit Helmer (31 ans) pour son film Tuvalu, qui sortira en France à l'automne. Karl (Philippe Clay) est un maître nageur aveugle, régnant sur une piscine jadis impériale, bain turc à la splendeur décatie. Par dévotion, son fils Anton (épatant Denis Lavant) entretient l'illusion que la piscine désaffectée fonctionne encore, grâce à des complices et à moult artifices. Pour ce conte poétique quasiment muet, Veit Helmer a construit des décors et des machines dignes de Méliès. «J'ai utilisé les techniques du siècle dernier, afin d'évoquer un monde voué à la disparition», explique le réalisateur, qui a tourné avec des acteurs français, bulgares et