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Libération

La culture du navet. Cette semaine: «Libres comme le vent».

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par BAYON
publié le 3 mai 2000 à 0h38

Ava est le handicap de Libres comme le vent, qui se voit au vol.

Jamais crédible, sauf en mollassonne à cheveu gras faiseuse d'embarras, cette préadolescente bêtifie faux, et poétise ou s'amourache idem selon le script popote. Pendant omniprésent, avec cela, de la tête d'affiche maternelle, ladite Kimberly J. Brown plombe le projet éolien.

D'ailleurs, à les voir livrées à elles-mêmes, libres comme l'air donc, les filles ont l'air de s'ennuyer mortellement dans la vie. Tumbleweeds le tragi-soap du jour, déjà vu à diverses reprises (Thelma et Louise pour le côté road-movie, ou les Ensorceleuses pour le duo décolleté), déploie cet ennui existentiel de «folles de leur corps entre elles», suivant l'errance à travers quelques Etats-Unis d'une mère et sa fille objectivement hystériques.

Leurs déambulations, préoccupations, passe-temps plus ou moins amusants, humeurs, séances de coiffure, fous rires, aventures, discussions intimes libérées (sur leurs nichons, leurs fesses et leurs règles, en mimant l'enfonçage de tampon dans le conduit, qui, chez les femmes, s'étend de l'utérus à la vulve), sont un peu à l'image de leur alimentation.

De bout en bout, peut-être pas tout à fait sciemment de la part de l'auteur, on voit les deux héroïnes manger. Ruminant de la bouillasse de hamburger ou de corn flakes sucrés, et par exception un plat cuisiné (du «goulasch» à l'américaine, qu'un redneck pourtant rendu au dernier degré de l'abjection graisseuse refuse), léchouillant des ice-creams d'un doigt