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Libération
Critique

A la tête d'un trio depuis dix ans, les deux frères suédois cultivent un blues grinçant, ascétique et nordique. Herman Dune les grains de sable. Herman Düne: CD «Turn Off The Light». (Prohibited/Atmospheriques). Concert ce soir à 19h30 au Café de la Danse, 5 passage Louis-Philippe, Mo Bastille, 01 44 43 86 00.

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par BAYON
publié le 4 mai 2000 à 0h36

Ce n'est pas un chanteur américain, allemand ou hollandais (prénom:

Herman, nom: Düne); c'est un trio blues suédois de banlieue et le nom de famille de deux ménestrels dignes des siamois honky-tonk du film les Frères Falls. Soit David Ivar Herman Düne, et d'une; puis André Herman Düne, de deux, pré-trentenaires guitaristes (25 et 28 ans). Et un batteur mascotte (23), Omé.

Distorsion émotive. Herman Düne produit une impression triste, d'exubérance mêlée, évoquant les gaudrioles des farauds villageois de l'imagerie viking, gambillant jusqu'aux poutres pour épater la galerie. Ses complaintes à la violence sourde et convulsive, caressées à deux voix enfantines indémêlables et tendues comme des cordes à noeuds, n'hésitent pas à grincer pour plus d'expressivité.

Le tout, dépouillé à l'extrême, est en effet tourmenté de parties de guitares électriques ­ deux Silvertone 1957 à petite caisse et sonorités acoustiques, introuvables premières «solid body» vendues en supermarché aux Etats-Unis avec ampli.

Jouant la distorsion émotive, entre effusions de sécheresse et spasmes de suavité, l'album résultant est un bouquet de printemps à vif, bourgeonné au sauna de Stockholm et poussé à Paris: «Eteins la lumière». Soit huit pistes, une prise, deux jours fin 1999, onze plages boisées. Les textes simples comme bonsoir disent: «Nothing's gon-na happen / Nothing is gonna occur» ­ ce dernier terme trituré, jusqu'au fausset recherché. Ou bien: «Ma tête tombe en poussière». Ou encore, histoire de rire