L'exotisme est proportionnel à la distance. Plus un pays est
lointain et plus le fantasme qu'il engendre est puissant. Avec les Papous, les Marseillais devraient donc atteindre un point maximal d'exotisme. Eh bien, pas du tout. L'exposition que la cité phocéenne consacre à l'art papou a ceci d'immédiatement perceptible que sa charge exotique est réduite à la portion congrue. L'impression de familiarité (antonyme d'exotisme) provient de la vogue pour les arts dits «premiers», ravivée par le projet de musée du quai Branly à Paris. Certes, on ne reconnaît pas les masques derrière les vitrines puisque la plupart sont montrés pour la première fois, mais on jurerait, à tort évidemment, les avoir déjà rencontrés. Peut-être dans une vie antérieure, avant le «contact» avec la Papouasie (époque de la ruée vers l'or, 1926 ou à peu près).
Réunir quelque trois cents oeuvres de Nouvelle-Guinée n'a pourtant pas été une mince affaire. Elles ont été tirées des musées où elles dormaient souvent , parfois de leurs réserves; d'Europe, des Etats-Unis et d'Australie, sans parler des collectionneurs privés et des prêteurs qui, selon la formule consacrée, «ont préféré garder l'anonymat» mais n'en sont pas moins, bien sûr, remerciés. En rang d'oignons sur étagères accrochage façon ethno , statuettes, masques, armes, parures, pirogues, écorces peintes, crânes ornés, instruments de musique (boom sur les tambours), mobilier, artisanat (pas trop) en jettent plein la vue. Tout a été bien conçu: les A