Trois dessins, une lettre, un fragment de roman, ces manuscrits inédits de Sade découverts par Alexandre Stroev dans les archives du Musée historique d'Etat à Moscou ne font pas saliver seulement les thuriféraires du divin marquis. Ils mettent également l'eau à la bouche de tous les spécialistes de la littérature française du XVIIIe qui savent que les fonds russes contiennent de véritables trésors" Les chercheurs français connaissent bien Alexandre Stroev. Depuis plus de dix ans, ce chercheur russe leur sert de sherpa à l'assaut du fabuleux fonds de manuscrits français que recèlent les différentes archives russes. Il est vrai que, si l'on demande à Alexandre Stroev où il vit (il est actuellement maître de conférences à Strasbourg), il répond sans sourciller: «J'habite le XVIIIe siècle.» Une vague ressemblance avec Pouchkine et une connaissance vraiment encyclopédique de la culture européenne du siècle des lumières achèvent d'en faire un homme hors du temps. Et l'homme de la situation pour animer, côté russe, l'entreprise lancée par le Centre d'études du XVIIIe siècle de Montpellier et dirigée par Georges Dulac, directeur de recherches au CNRS: l'édition du premier Guide des manuscrits français du XVIIIe siècle conservés dans les archives russes (lire encadré). Cet ouvrage, en gestation depuis 1990, doit recenser, classer et décrire des fonds qui, dispersés entre Moscou et Saint-Pétersbourg, commencent tout juste à être exploités. Et qui se révèlent incroyablement riches.
«L'écolière de Voltaire»
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