L'importance des archives françaises en Russie n'a jamais été tout à fait ignorée. Mais elles étaient renfermées dans les collections privées, à commencer par celles du tsar. L'autorisation de les consulter n'était donné qu'à titre exceptionnel.
A la fin du XIXe siècle, un érudit français publie un premier inventaire de la collection des oeuvres de Diderot transférées à Saint Petersbourg, mais passe à côté de la masse des manuscrits qui se trouvent ailleurs en Russie. Il faut attendre 1913 pour qu'un autre chercheur français réalise «l'inventaire des manuscrits de la bibliothèque de Voltaire». Le rideau tombe sur ces archives après la révolution d'Octobre et ce n'est qu'au début des années 60 que des Français y ont à nouveau accès.
Georges Dulac incarne, côté français, la redécouverte de ces archives. Quand ce spécialiste de Diderot, co-responsable de l'édition des oeuvres complètes du philosophe chez l'éditeur Hermann, débarque à Moscou en 1972, dans le cadre d'un programme d'échanges entre l'Académie des Sciences et le CNRS, les chercheurs étrangers sont tenus dans une suspicion systématique. On les parque dans des salles spéciales, on leur interdit l'accès aux inventaires, bien que des arrangements discrets soient toujours possibles avec certains archivistes russes.
Surtout, Français comme Russes sous-estiment encore l'importance de ce qui est conservé en Russie. Georges Dulac pressent lui qu'il est devant une mine d'or; à partir de 1972, il va revenir en moyenne tous les d