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Critique

Ron Arad, fort en matière.

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DESIGN. L'ex-«ruiniste» modèle les nouvelles technologies.
publié le 6 mai 2000 à 0h34

Derrière quel couvre-chef Ron Arad a-t-il envie de se cacher aujourd'hui? Toujours «couronné» d'un chapeau, gapette british ou coiffe Pirlouit-Louis XI, ce colosse du design et de l'architecture usinant à Londres depuis 1981 (mais né à Tel-Aviv en 1951) observe, en ce samedi 30 avril 2000, les vernisseurs des galeries de la rue Louise-Weiss où il expose. Et pirouette: «Je me demande finalement si je ne devrais pas être styliste et dessiner des chapeaux, tellement le mien intrigue les Parisiens.» Car il y a un chapeau que Mister Arad ne semble plus vouloir porter, c'est celui de «punk», voire de «ruiniste» (1). Une étiquette trop facilement attribuée au nom de sa Rover Chair (deux sièges de voiture soudés brut à une assise de métal) ou de sa chaîne hi-fi installée dans du béton. Il a pourtant défoncé, en pleine mythologie destroy Pistols, tout burin dehors et à mains nues, l'acier du design, pliant et martelant le métal avec douceur ou violence, uniquement guidé par les réactions aléatoires des matériaux. En 1981, il avait ouvert la boutique-agence One-Off (Pièce unique), à Covent Garden. Au départ, c'était une entreprise expérimentale de démolition-reconstruction.

«Pas d'idéologie». A la question «Qu'avez-vous encore envie de détruire en 2000?», ce dandy costaud à la veste effrangée after-grunge répond, mi-narquois mi-buté: «Il n'y a jamais eu d'idéologie dans mon travail, juste un rapport à la matière qui a mené le jeu, et une adaptation aux moyens technique