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Libération

Le dernier désert de Lewis Allen. Mort du cinéaste hollywoodien anglais.

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publié le 8 mai 2000 à 0h33

Los Angeles, correspondance.

Dans ses mémoires (Front and Center), John Houseman décrit ainsi celui qui devait mettre en scène sa première production Paramount: «Lewis Allen était un jeune Anglais qui avait été le régisseur de Gilbert Miller à Londres et New York, et acquis de son maître un vernis d'expertise théâtrale, de mauvaises manières, ainsi que son snobisme. Fort du succès de The Uninvited, il ne faisait pas secret de son mépris pour notre script, ni de sa déception d'avoir à travailler avec un anxieux novice comme moi après sa récente association avec le prestigieux et suave Charles Brackett.»

Idéal pour le système. The Unseen était le film de studio par excellence: un film dont le modèle (The Uninvited) avait si bien marché qu'on n'hésitait pas à le refaire l'année suivante, avec la même actrice (Gail Russell) et le même réalisateur. Le producteur néophyte Houseman reconnaît que l'indulgence des critiques envers sa tisane était due à Lewis. La carrière de Lewis Allen prouve qu'il était bien ce que le studio pensait de lui: un réalisateur idéal pour le système, c'est-à-dire souvent un gaufrier.

Allen est mort mercredi 3 mai dans sa résidence de Santa Monica, à 94 ans. Arrivé à la Paramount à la fin de la guerre, il servit d'Anglais attitré au studio, qui lui confiait ses résidents britanniques (Ray Milland, David Niven, Herbert Marshall), ses sujets «distingués», envoyant parfois ce beau monde tourner en Angleterre, histoire de croquer les revenus bloqués là-bas (So Ev