Cannes, envoyé spécial.
La fête commence ce soir, en présence de Lionel Jospin, avec le Vatel prédestiné de Roland Joffé. Mais le Festival de Cannes, encerclé de questions, est-il d'humeur fêtarde?
Récapitulons: l'édition 2000, 53e du nom, s'annonce sous les auspices contradictoires et tumultueux d'un grand chambardement. C'est d'ailleurs logique: le remue-ménage qui a saisi le cinéma est d'ampleur mondiale et le plus important rendez-vous planétaire en la matière ne pouvait faire moins, en cette symbolique année, que d'en enregistrer les soubresauts. La mèche qui brûle aujourd'hui et dont on ne sait pas encore exactement quels barils elle fera exploser s'appelle le numérique. Toute la profession le sait et se prépare, quand ce n'est pas déjà fait, à transhumer vers cet inévitable et nouveau paradigme.
Il est d'ailleurs dans la nature du cinéma de muter: depuis toujours, il n'a fait que suivre la courbe d'une évolution technologique permanente. La faille numérique n'est sans doute pas plus catégorique que le passage du muet au sonore il y a soixante-dix ans. Mais elle ne l'est pas moins. Il faut dire que cette industrie est l'une des mieux profilées pour la métamorphose digitale: à tous les étages de sa chaîne de fabrication, le cinéma est susceptible de numérisation (lire ci-après).
Révolution de palais. En parallèle à cette révolution, Cannes semble devoir affronter les remous d'une petite révolution de palais, dont le brusque renvoi d'Olivier Barrot a sonné l'alarme. Sa no