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Critique

Théâtre. Cinq madrigaux de Monteverdi au Kunsten Festival des arts de Bruxelles. Poignant. «Combattimento» de chair et de sang. Il Combattimento, musiques de Monteverdi avec l'Ensemble Concerto, direction musicale de Roberto Gini, scénographie et mise en scène de Romeo Castellucci, Lunatheater, Bruxelles, dans le cadre du Kunsten Festival des Arts. Ce soir à 20 h 30. Rens.: (00 32) 70 222 199.

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publié le 10 mai 2000 à 0h30

Reprise aux festivals de Vienne (du 16 au 20 mai), Amsterdam (du 4

au 7 juin), Venise (du 15 au 17 juin) et à l'Odéon du 11 au 14 octobre.

Un à un, les morceaux de l'armure tombent au sol. Sous la gangue du guerrier apparaît une jeune femme aux longs cheveux bruns, seulement vêtue d'un slip et d'un soutien-gorge. Aucune grivoiserie n'émane de ce strip-tease plus proche d'une peinture baroque que d'un numéro de cabaret. La surprise vient du dernier élément retiré: une serviette périodique tachée de sang. Cette représentation radicale de la féminité impressionne mais ne cherche pas à scandaliser; on peut trouver gênantes ou incongrues les images qui jalonnent le nouveau spectacle imaginé par Romeo Castellucci, elles ne sont jamais gratuites. Et le sang menstruel de Clorinde, la jeune femme déguisée en combattant, s'inscrit dans un cycle sanglant plus vaste, alimenté par des pompes et des tuyaux.

Croisades. Pour mettre en scène ces madrigaux de Monteverdi, le metteur en scène italien crée un univers proche d'un hôpital de campagne, où la croix rouge qui orne la blouse des infirmiers renvoie aux croisades. Naissance et mort, amour et guerre, tous les mots des poèmes mis en musique par Monteverdi trouvent sur scène non des illustrations mais des échos, souvent poignants; ainsi cette scène où le corps de la chanteuse est démultiplié par un alignement de poupées identiques mais de tailles différentes, comme si ce n'était pas une seule qui mourait mais toutes celles qu'elle avait succ