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La nouvelle virginité du ciné «indé».

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CANNES NUMERIQUE. Chaque jour, enquête au coeur de la révolution numérique (2/10).
publié le 11 mai 2000 à 0h29
(mis à jour le 11 mai 2000 à 0h29)

New York, envoyé spécial.

L'essor de la vidéo numérique est arrivé au moment où Bennett Miller désespérait de tout, et du cinéma en particulier. Ses études à la New York Film University l'ennuyaient tant qu'elles ont tourné court. Pour incompatibilité de vue et d'humeur, les stages du beau gosse frondeur dans les milieux du cinéma indépendant new-yorkais se sont terminés en queue de poisson. «Pendant cinq, six ans, j'étais malheureux, dit-il, je n'aimais pas le conformisme de cette industrie, je n'y trouvais pas ma place.» Son aspiration, il a fini par l'assumer seul en utilisant une petite caméra DV. Son premier long métrage, The Cruise, suit à la trace dans Manhattan un singulier guide touristique. «Nous n'étions que deux, on tournait quand on voulait, personne ne nous distinguait des touristes qui se promènent dans New York, caméra à la main. Je disposais de toute la mobilité et de l'intimité nécessaires. Sans le coût de pellicule, j'ai pu avancer lentement, patiemment, découvrir ce que le film entendait devenir, j'ai tourné 70 heures de rushes qui ont fini à la corbeille, avant de trouver mon style.»

The Cruise est devenu l'un des fleurons de la nouvelle donne du cinéma indépendant. Primé au festival de Los Angeles, très remarqué à Berlin, il a été acheté dare-dare et s'est bien défendu dans les salles. Tout est allé très vite, et le jeune New-Yorkais de Soho qui va reprendre sa caméra DV pour partir sur les traces d'un génie reclus, en tire une certaine acrimonie. «Mon fi