Si on veut s'amuser au jeu des rapprochements trans ou interfilms,
Jacky aborde tout comme le film de Loach le sujet de l'immigration, ici la communauté chinoise installée aux Pays-Bas, mais selon une approche radicalement opposée. Si Bread and Roses articule un discours sur la servitude contemporaine, ce premier film de Brat Ljatifi et Fow Pyng Hu, respectivement 32 et 30 ans, tous deux issus de l'académie Rietveld où ils ont étudié le graphisme industriel, se place résolument sur le terrain arty d'une description neutre des faits et gestes quotidiens de quelques individus sans qualités.
Le personnage éponyme est un Chinois vivant en apesanteur socio-culturelle avec sa mère dans un pavillon standard, dans le bled pas rigolo mais propret d'Eindhoven. Tout traîne, s'édulcore et flotte en particules suspendues sous le ciel d'Eindhoven et dans la tête de notre antihéros déphasé, bien parti pour une vie ambient de tulipe humaine à bulbe. Du jour au lendemain, la mère de Jacky lui demande de prendre épouse et appartement. Un mariage avec une compatriote dépêchée de Chine est arrangé et Jacky se retrouve en couple avec une certaine Chi-Chi qu'il ne connaît pas. Un monde sans racine, sans amour et sans but se dessine plan par plan avec un détachement qui ne permet guère de mettre en doute la parole des deux auteurs quand ils affirment qu'il ont beaucoup regardé les films de Tsai Ming Liang, Hou Hsiao-hsien ou Bruno Dumont. Les personnages sont des détails parmi d'autres dans le paysa