Il débarque sur la Croisette paré, dès son coup d'essai, de toutes
les paillettes d'Hollywood et de l'establishment culturel: avec un prénom à lui, Rodrigo, un nom hérité d'un paternel illustre (Gabriel García Márquez) et, au générique de son film, une incroyable brochette de stars féminines: Glenn Close, Cameron Diaz, Calista Flockhart, Kathy Baker, Amy Brenneman et Holly Hunter... Dans ce contexte apparemment convenu, Rodrigo García dégage cependant une autorité toute personnelle, acquise quelque peu en marge.
Grand, corpulent, il saute de l'anglais à l'espagnol pour livrer sa bio: élevé à Mexico plutôt qu'en Colombie, il a fait ses études à Harvard, a entamé sa carrière de chef opérateur au Mexique avant de la poursuivre aux Etats-Unis comme cadreur. Marié à une Mexicaine, il vit depuis neuf ans à Los Angeles.
A 48 ans, ce débutant a dix-sept ans d'expérience des plateaux. Le scénario de Ce que je sais d'elle" lui a valu un prix, l'an dernier, au festival de Sundance. Des débuts en écriture, donc, qu'il démarque, un brin sec, de l'exemple paternel: «Je fonctionne à l'image plutôt que dans la référence littéraire. Mes influences viennent du cinéma: la Peau douce de Truffaut, Gens de Dublin de Huston et surtout l'Esprit de la ruche de Victor Erice, ce film si extraordinairement silencieux et fort.» Comment, cependant, en est-il venu à construire son film «au féminin»? «Au départ, je pensais parler d'hommes et de femmes, mais je me suis aperçu que les rôles masculins me venaien