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Interview

Tate Modern «L'ancien, le neuf, indiscernables.»

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Jacques Herzog et Pierre Meuron, les architectes suisses de la Tate Modern.
publié le 12 mai 2000 à 0h26
Peut-être nos Duchamp ou nos Matisse actuels sont-ils architectes?

La griffe de l'architecte signe en tout cas les musées d'aujourd'hui, parfois plus que ce qu'ils contiennent. Il faut désormais compter avec l'impeccable duo Jacques Herzog et Pierre de Meuron, nés à Bâle en 1950. La Tate Modern n'est pas leur premier musée ­ ils ont conçu un lieu étonnant pour une collection de vidéos à Napa Valley en Californie (1997-99) et sont en train de faire un musée à San Francisco ­, mais c'est leur plus vaste projet. «H de M» considèrent cette aventure à la Tate «comme une pièce de boulevard, dont le dernier acte n'est pas encore terminé».

A Beaubourg, l'idée était de rendre visible l'intérieur, or, à la Tate Modern, rien n'est perceptible au dehors" H de M: Beaubourg est un bâtiment très intéressant, issu de la croyance moderniste voulant que tout ce qui concerne l'art ou le contemporain est créé à partir d'une table rase. A Londres, nous n'avons pas conçu le bâtiment, nous l'avons pris comme un fait et avons travaillé à en faire un espace public: c'est une idée qui vaut pour toutes les villes, dans l'avenir. Mais ce n'est pas une rénovation, il n'y avait rien ici, pas un seul espace utilisable, le lieu était rempli de machines et de vieux trucs rouillés. A part la cheminée de l'usine, que nous avons gardée comme un vénérable signe urbain, nous avons fait un nouveau bâtiment, le nôtre. Nous avons voulu rendre l'ancien et le nouveau indiscernables. Ainsi le verre est parfois aussi lourd que le métal, il n'est pas là pour faire contraste, comme dans