Quarante-huit heures après le Tableau noir de Samira Makhmalbaf, le
cinéma iranien a de nouveau survolté Cannes, avec un film de Bahman Ghobadi. Etrange effet de famille puisque, une nouvelle fois, l'intrigue nous égare à la frontière Iran-Irak, en pays kurde, et ce avec d'autant plus de trouble que le réalisateur, kurde iranien, jouait un des rôles principaux dans le Tableau noir et que, par ailleurs, un de ses documentaires, Vivre dans le brouillard, a fortement inspiré le scénario du même Tableau noir. Cet écheveau dont il est très compliqué de démêler les fils ne nuit pourtant pas à la singularité de Un temps pour l'ivresse des chevaux, bien au contraire puisque le film de Ghobadi sort indemne, voire renforcé de la comparaison obligatoire avec le film de Samira Makhmalbaf. Enfants cabossés. Par un effet de feuilleton involontaire, nous voilà donc dans le deuxième épisode des mêmes aventures: de nouveau des enfants contrebandiers, de nouveau ce sentiment de guerre d'autant plus effarante qu'elle reste quasiment invisible. Tout le film est tendu du point de vue d'une seule urgence, celle d'un jeune garçon qui veut sauver la vie précaire de son frère, atteint de nanisme, toute petite poupée souffrante qu'il promène à sa hanche comme un baluchon et dont il est impressionnant d'apprendre, au virage d'un dialogue, qu'il est son aîné, âgé de 15 ans. Ce malaise physique n'effrayera que ceux qui ne savent pas regarder en face le merdier du monde et qui ne verront pas, du coup, q