En préliminaire à Capitaines d'Avril, consacré à la fameuse révolution portugaise dite «des oeillets», la réalisatrice Maria de Medeiros a dédié son film à sa mère et à sa fille. Pourtant, dans cette reconstitution convaincante du coup d'état militaire des 24 et 25 avril 1974, Medeiros semble d'abord adopter le point de vue de l'aventure collective, fascinée par le fait que cette mise à bas de la dictature ait pu être le fait d'hommes jeunes et, quoique capitaines, pour beaucoup totalement improvisateurs. Le bordel de cette nuit historique donne au film ses meilleures scènes de comédie: la prise quasiment aux lance-pierres du siège de la radio nationale ou l'égarement des chars putschistes dans le dédale des rues de Lisbonne.
Mais c'est surtout dans sa façon de rendre intime l'histoire publique que Meideros y va le plus fort. Pas mécontente de souligner quelques paradoxes de la bourgeoise lisboète progressiste qui ne renonçait pas pour autant à engueuler la bonne. Et très à son aise pour glisser des mots d'amour sous la porte de ses personnages. Des soldats tellement amis que s'en est excitant, une utopiste romance révolutionnaire entre une fille du peuple et son troufion (ah, le rêve de s'aimer dans une automitrailleuse!) et surtout cette jeune prof motivée (interprétée par la réalisatrice elle-même) à qui ne suffit pas de découvrir que son mari officier est un des agents très actifs du complot. Histoire de rappeler qu'il n'y a pas de révolution qui ne soit réussie si elle n