Les destins croisés de Luc Besson et Jean-Jacques Beineix forment un cas d’école exemplaire. Quand ils sont entrés en scène, il y a une vingtaine d’années, leurs noms étaient souvent associés pour définir une vague moderniste du cinéma français. Cette vague d’après la Nouvelle était identifiée, à tort ou à raison, à la génération de la télé, de la pub et du clip. Avec d’autres moins fameux, Besson et Beineix semblaient arriver aux commandes à l’heure d’une nouvelle donne, pour définir et propager les canons neufs d’un jeune cinéma français à la fois ambitieux et commercial, plutôt anti-intellectuel mais nourri d’un idéal esthétique. Un cinéma décomplexé, ayant digéré Hollywood mais soucieux de sa french touch, tout en misant une bonne partie de son sort à l’exportation. De ce point de vue, Besson et Beineix ont sans doute été les premiers cinéastes français, avec Jean-Jacques Annaud dans un autre registre, à destiner leurs films à un public mondial, surfant sur la vague d’une globalisation qui allait concerner autant les images que les capitaux.
Aujourd'hui, les deux noms ont gardé chacun son pouvoir d'évocation mais ils ne sont plus que rarement associés. Le premier est président du jury d'un festival où le second ne semble plus avoir sa place. Besson a tout réussi ou presque, de la réalisation à la production, et il a pris une telle envergure que le cinéma français pourrait, pour une large part, se concevoir comme articulé autour de sa personne. Qu'on s'en batte l'oeil ou