Le sampler aura vingt ans l'année prochaine. Et il faudrait être sourd, et bientôt aveugle, pour ne pas reconnaître son importance sur l'ensemble de la scène artistique. Vouloir aujourd'hui cantonner ses possibilités du mix et du remix au seul cénacle des musiques urbaines (rap, techno, etc") n'a pas de sens, tant la culture du détournement et du collage étend son champ au monde des images via des logiciels de sampling numérique, ludiques et excitants. Principalement, le fait de sampler, de mixer et de remixer a rendu obsolète la frontière entre l'oeuvre et celui qui l'écoute ou la contemple, élevant l'emprunt au rang d'un geste artistique de haut vol. Au début des années quatre-vingt, les DJ hip-hop furent les premiers à comprendre qu'à partir d'une minuscule boîte à sons, les laissant libres d'échantillonner puis de distribuer des bribes et des boucles sonores comme et quand bon leur semble, se jouait une partie d'échec définitive contre le statut figé de la création: les non-musiciens s'emparent de l'oeuvre à coup d'interventions. Pourquoi le tour des cinéastes ou des cinéphiles ne serait-il pas venu? La main qui sample est désormais la même que celle qui écrit, qui filme ou qui crée.
Coldcut, les précurseurs. En mars dernier, se tenait au musée d'Art moderne de Vienne (Autriche) une exposition reprenant les V-Jamms (clips samplés) les plus performants; au même moment à Paris, certains envisagent de mettre sur pied des soirées où pourraient être exploités des fonds d'archi