On ne sait plus pourquoi, mais on s'était laissé convaincre, avant
même de l'avoir vu, que le nouveau film d'Amos Kollek, révélé en France par le sublime Sue perdue dans Manhattan, n'était pas terrible, juste une petite comédie opportuniste pour se hisser au niveau des quelques cinéastes indé US qui rapportent. Il y a de ça dans Fast food, fast women mais le film dégage à nouveau sur un versant optimiste les intenses et poignantes vagues d'humanité qu'on trouvait dans Sue.
Le cinéaste ne se sépare d'ailleurs pas de son actrice d'élection, Anna Thomson, que l'on voit dès le premier plan de dos, se tordre la cheville, juchée sur de périlleux talons hauts. On est ferré d'entrée de jeu, ses sortilèges de poupée warholienne agissent directement, on a l'impression que l'espace se redistribue en fonction des diagonales brisées que son corps dessine à chaque pas, tandis que sa voix à la diction presque chuintante transforme toutes les vannes du dialogue en couplets de chanson triste. C'est une vraie diva, elle est géniale, le film le confirme dans le registre inédit de la comédie woody allenienne. Et si le rapprochement n'était pas éculé d'avance, on ne voit pas à qui la comparer sinon à Gena Rowlands. Toutes deux transforment n'importe quel plan, et parfois d'un seul imperceptible mouvement de tête, en happening écorché.
Flou sentimental. La question de la love letter réglée, le film. Fast food" se déroule à New York en plein été. Il fait à peu près 95 °C et l'humidité transforme prog