C’était en 1994, au temps où Jean Rodrigue semblait emmuré vivant. A 14 ans, il avait atterri à l’institut médico-éducatif (IME) de Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine). Un pavillon charmant qui accueille des enfants gravement psychotiques, rejetés par les institutions classiques. L’adolescent avait la curieuse manie de pianoter dans le vide après avoir entendu de la musique. Il y avait un vieux bastringue à l’IME. Un jour, le garçon s’y colla, jouant d’instinct des mélodies mémorisées. Un éducateur ressortit sa vieille guitare et Jean Rodrigue eut droit à un piano d’étude. Ce fut l’acte de naissance des Travailleurs du dimanche, groupe de six musiciens, dont trois issus du triangle des Bermudes psychique de l’autisme ou d’une pathologie apparentée. Cette aventure singulière se trouve au coeur du festival du Futur composé. A l’affiche: une quinzaine de spectacles (théâtre, chant, musique) mêlant, sur des scènes parisiennes, des artistes professionnels à près d’une centaine d’amateurs en souffrance psychique.
Désenclaver. Ces derniers ont tous développé leur sensibilité artistique dans un réseau d’associations et d’institutions spécialisées. Mais c’est la première fois qu’ils se confrontent au grand public. L’objectif est de changer le regard porté sur ces enfants «d’autre part», souvent enferrés par les préjugés dans des forteresses vides stéréotypées. «Malgré des pathologies parfois très lourdes, l’accès aux pratiques culturelles leur permet de se désenclaver. Ils trouven