Le premier film d'Orso Miret, De l'histoire ancienne, est
remarquablement tenu. Il s'attache à décrire la déflagration familiale produite par la disparition d'un père qui fut autrefois résistant, et s'attarde plus particulièrement sur la figure de son fils Guy, qu'une dépression menace. Le deuil prendra pour lui la forme d'un tourment mortel qui tient à l'histoire de son père, à la sienne propre et à l'Histoire de France.
Présenté à la Semaine de la critique, ce film contemporain fondé sur de rigoureux matériaux historiques fonctionne, au coeur du Festival, comme le film métaphore du souci majeur du cinéma d'aujourd'hui: l'Histoire. Le prisme offert par Cannes en cette année 2000 est à cet égard catégorique: l'Histoire ne cesse d'infiltrer les circuits transversaux du Festival; elle imbibe la sélection française jusqu'au symptôme; elle suinte par les plafonds numériques et ne se contente plus de fuser, tumultueuse, dans le cours des sélections mais en déborde souvent, comme ce fut également le cas hier avec la projection (en forme de petite leçon d'histoire de la censure) du premier film d'Otar Iosseliani, Avril, interdit lors de sa sortie en 1962.
On a beaucoup dit que, parmi les films français susceptibles d'être sélectionnés pour Cannes, les «films à costumes» étaient trop nombreux. C'est une ânerie: tous les films le sont. A l'exception de Vatel, effectivement un film d'habits et d'accessoires, nous n'avons vu pour l'instant que des reconstitutions d'histoire et d'Histoire