Depuis le triomphe international de The Harder they Come qui lança la carrière de Jimmy Cliff au début des années 70, on n'entendait guère parler de cinéma jamaïcain. Dans le meilleur des cas, une micro-industrie en sommeil s'y déployait pour les tournages de superproductions américaines en quête de décors lumineux. Or le numérique y fait apparaître la perspective d'un essor créatif à moindre coût pouvant redistribuer les cartes dans des pays ignorés ou oubliés par les bonnes fées de l'industrie du spectacle. Deux productions locales ont été récemment plébiscitées par le public de l'île, deux petits films de genre tournés en Digital Video, Dance Hall Queen et Third World Cop, ce dernier pulvérisant tous les records au box-office jamaïcain, de E.T. à Men in Black.
La Palm de Blackwell. A l'origine de ces projets, on retrouve Chris Blackwell, l'ex-mentor de Bob Marley au sein des disques Island, qui a fondé une société de production Palm Pictures entièrement consacrée au format digital et qui dit trouver dans cet instant particulier de l'histoire du cinéma, une source d'excitation aussi intense qu'à l'époque où il «commercialisait à partir de rien des disques de reggae» dans un pays où toutes les structures étaient à inventer. Ce nouvel élan opportuniste de l'entrepreneur playboy fera sans doute ricaner ceux qui lui reprochent depuis des années de se sucrer sur le dos de la culture jamaïcaine. Blackwell, persuadé que l'économie du numérique est un moyen de stimuler le cinéma da