Fort du petit buzz suscité par son premier long-métrage, Pi, Darren
Aronofsky connaît cette année les honneurs de la sélection cannoise avec son adaptation ambient du Retour à Brooklyn d'Hubert Selby Jr. Comme le roman, le film retrace la déchéance d'un jeune dealer junkie et celle de sa mère qui abuse des amphétamines pour maigrir. Deux formes d'addiction, deux formes de défonce, deux victimes des mirages de la société moderne (la mère se grise de l'idée de passer à la télé, le fils s'hallucine en wonderboy qui va se faire du blé). Comme David Lynch, auquel Pi faisait penser, le jeune cinéaste recherche une mise en crise de la perception, où le monde n'apparaîtrait plus que lacunaire, sérié par une prolifération d'images intérieures parasites. Mais pour montrer ce qui se passe dans un cerveau malade, il faut un imaginaire fort et un univers visuel original. Toutes choses faisant pour l'heure défaut à Darren Aronofsky. Entre les déformations de perspectives à coups de courtes focales, les scènes d'hallucination aussitôt corrigées (genre elle lui plante une fourchette dans la main / plan suivant sur la main indemne, CQFD, c'était une image mentale), les gros plans de dilatation de pupilles en guise de shoots métonymiques, Requiem enfile les clichés visuels. Lorsqu'il se déprend de sa propre imagerie et se recentre sur la relation Jennifer Connelly-Jared Leto, couple de jeunes paumés qui se déglingue, il réussit davantage à distiller du malaise. La perturbation que vise le fi