Après la présentation de son film mardi, Orso Miret s'est attardé à
discuter avec les spectateurs. Il vivait, intensément, ce moment particulièrement fort pour tout réalisateur: la première rencontre avec le public, à l'issue de la projection de son premier film. Bien sûr, avant Cannes, il y a eu les visionnages, sur copie de travail, qui lui ont valu le prix Jean-Vigo et sa sélection à la Semaine de la critique. Mais là, il affrontait le regard et les questions des «vrais» spectateurs. Et vérifiait, «très ému», qu'ils avaient bien compris un film dont l'intrigue n'est pas donnée clé en mains mais dont l'appréhension s'édifie à travers un perpétuel «flottement d'interprétations».
Puzzle mouvant. Pendant un moment, équipe et public ont fusionné. Tout l'opposé des protagonistes du film, seulement ramenés au foyer familial par l'annonce de la mort de leur père, héros de la Résistance. Trois enfants (deux frères, une soeur) grandis dans la fuite et le rejet de ce modèle trop écrasant, enfermés chacun à sa façon dans l'impossibilité du deuil. Histoire de famille, donc, mais liée au poids de la grande Histoire. Celle que les célébrations et les commémorations enflent et manipulent: la Résistance, en l'occurrence, qu'Orso Miret (35 ans, des yeux d'un bleu d'enfance) continue à évoquer comme le temps des pères («Je sais que je fais un peu le grand écart sur le plan générationnel, mais mes personnages sont surtout des enfants du siècle plutôt que, littéralement, des gens d'aujourd'hu