Il semble qu'il y ait ici des existences finalement plus courtes que
celle de la fameuse mouche à miel qui ne vit que quelques jours son pénible destin d'insecte à la con. Celle de la starlette, par exemple ou, plus intéressante, celle du canapé. Pas celui qui se déplie et dans lequel il est désagréable de laisser des miettes, non, le canapé qui se mange et dont le néo-festivalier a vite saisi l'importance. Quand tout se joue sur la promptitude du geste, l'avidité du porté en bouche, savoir capter l'alimentaire qui passe sur un plateau, ou se repose sur les tables dressées, devient un sport international dont le nombre de pratiquants ne cesse d'augmenter à la tombée de la nuit.
La base, c'est le pain. Alors, s'interroger sur la naissance, la vie et la mort d'un petit four apparaît comme une nécessité, sorte de making of à nous, où les acteurs, dirigés par Michel Ernest, admirable cuisinier nomade, porteraient des noms charmants. Zakouski, mignardise, feuilleté, ou «croûton croustillant de Provence», mince ficelle imbibée d'huile d'olive, cuite, tranchée et garnie. Car, c'est important à noter, au départ, la base du canapé, c'est le pain, «mon plus beau gâteau». Ici, tout est d'abord question de farine. Epautre, seigle, socca, voire «camute» tirée d'un blé perdu, «pas hybridé depuis 6 ou 8 000 ans», dont on aurait retrouvé des graines dans les tombes pharaoniques.
Il faut visiter les laboratoires de cuisine pour voir comment se déroulent les préparatifs. Tiens, un plateau de cou