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Libération
Critique

Quinzaine des réalisateurs. Un juge en flagrant délire.

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Comédie jouissive sur fond d’affaires politico-financières.
publié le 19 mai 2000 à 1h06

Glissé dans le dossier de presse, un numéro du Dauphiné libéré du jeudi 18 mai annonce en une: «Le juge Marcorelle rattrapé par la justice.» Sous ce titre à sensation, la photo d’un homme interdit, encadré par deux flics, et qui n’est pas le frère caché de Mazarine quoique la ressemblance avec Mitterrand soit troublante. Car on reconnaît surtout Jean-Pierre Léaud, dont on se demande ce qu’il fout là. Sauf que le juge Marcorelle, c’est lui et qu’il est l’acteur très principal du nouveau film de Serge Le Péron. Très déconnante. Ce trouble publicitaire, info et intox, est une bonne idée, tout à fait synchrone avec un film qui se jette allégrement dans le décor des ténébreuses affaires qui n’en finissent pas de faire l’actualité: petits juges «indépendants» et mises en examen de la jet set politico-financière. D’autant que l’affaire Marcorelle se situe à Chambéry, c’est-à-dire pas loin de Grenoble où, on s’en souvient, Carignon, etc. Mais ce n’est pas tant la justice qui inquiète Le Péron que le ressort de la culpabilité («de tous et de moi plus que les autres», écrivit Dostoïevski, cité en exergue du film). La culpabilité des coupables, cela va de soi, mais aussi, la culpabilité des innocents et, encore plus singulière, la culpabilité du juge. Ce Marcorelle qui revient de loin (Mai 68 où il fut militant) pour arriver à peu près nulle part (père de famille aussi assis que la magistrature qu’il incarne). Du gauchiste libertaire à la gauche notable, la conséquence n’est pas très