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Libération

Yacht-toi de là que je m'y mette. Homme libre, toujours tu chériras la marine de plaisance.

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publié le 19 mai 2000 à 1h05

L'homme est souvent seul dans son Zodiac ©. Et s'il pêche, c'est

parce qu'il sent que ça va mordre. Heureux présage: ça ferre sec à bord du petit canot pneumatique autour duquel nous tournons comme des cinéphiles fatigués. Monsieur Moulinet a sorti de l'eau un dos bleu, sorte de maquereau méridional, enfin sans les mocassins blancs ni la gourmette. Ainsi, l'homme qui pêche est toujours heureux, son chapeau le protège du soleil, et les questions métaphysiques ne lui abîment pas non plus les yeux. Nous le comprenons.

Manoeuvres. Partir en mer, donc. L'idée paraissait saugrenue, mais ras le bol vraiment de la terre ferme et des mains molles, des acteurs qui se la pètent et des chanteurs qui vomissent par la fenêtre. La veille, entrer dans les fêtes comme celle de Virginie Wagon qui saluait la présentation de son Secret, moins bien gardé que le portail de la villa Aïda, où elle réceptionnait, fut impossible. Pourtant, tout se présentait on ne peut mieux. Pas de carton d'invitation, «mais si, je te jure, c'est ma cousine qui est à l'entrée, et si elle y est pas, faut demander Lena». C'était à la fois vrai et faux. La cousine y était bien, mais pas seule. De Lena, point. On frisa la débâcle avant de se replier vers la basse ville. Une nouvelle manoeuvre malencontreuse, la main sur la portière, un reliquat de renard poisseux, merci Miossec, et l'envie d'en finir pour cette nuit. L'hospitalité d'une dernière bière, puis d'un second lit, pour tout oublier. Se lâcher. Mais ce n'était