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Libération
Interview

Dixit. Juliette Binoche. Actrice dans «Code inconnu». «Faire partie d'un groupe».

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publié le 20 mai 2000 à 1h01
(mis à jour le 20 mai 2000 à 1h01)

«C'est plus particulièrement le Septième Continent qui m'a donné envie de travailler avec Michael Haneke. Son cinéma est un cinéma de la pensée, ce qui n'est pas si fréquent, on a plutôt l'habitude de travailler sur l'émotion ou le sentiment. Lui articule très bien réflexion et émotion. Chaque plan a un sens et le film prend son essor avec le temps. Avec le recul, ce qui m'a marquée, c'est son questionnement sur la dimension matérialiste de notre existence et l'enfermement qu'elle produit, jusqu'à nous pousser au suicide. J'ai rencontré Michael à Londres où je jouais au théâtre, on a discuté mais à l'époque, je ne le comprenais pas très bien. Quand il m'a remis son scénario, j'ai hésité un moment avant d'accepter. Benoît Magimel l'a lu, et avoir l'avis d'un autre comédien m'a aidée. J'étais un peu déroutée par l'existence sporadique du personnage, il n'y avait pas l'évolution habituelle ­ un début, un milieu, une fin ­ par laquelle les acteurs se sentent protégés. A l'origine, cette succession de scènes isolées, j'avais du mal à en saisir le sens, si ce n'est de faire partie d'un groupe et c'est ce qui m'a attirée. Je savais plus ou moins qu'il m'écrivait un rôle d'actrice et ça ne m'a pas dérangée. J'ai déjà joué des actrices. Il donne une version très personnelle du rapport un peu sadique du metteur en scène au comédien, du jeu de séduction entre les acteurs, mais ces choses sont dites sans être soulignées. Je n'ai jamais senti de perversité dans sa manière de m'utiliser