Le premier constat que l'on peut faire à propos du palmarès rendu hier soir par Luc Besson et son jury, c'est le sort abrupt qu'il a réservé à la sélection française: peau de balle. Elle était pourtant de qualité, séduisante et assez diverse pour qu'on puisse y faire de bonnes pioches, à l'exception du discuté et discutable Code inconnu de Michael Haneke. Ni Dominik Moll avec Harry, un ami qui vous veut du bien, ni Arnaud Desplechin avec Esther Kahn, ni Olivier Assayas avec les Destinées sentimentales ne méritaient d'être oubliés. Avec la palme d'or à Lars von Trier pour Dancer In The Dark, le choix du jury a en tous cas coïncidé avec celui des critiques et du public cannois, à la différence de l'an passé où l'outsider Rosetta avait été préféré à Tout sur ma mère de Pedro Almodóvar, plébiscité par la Croisette. La mise en scène de la cérémonie télévisuelle ne laissait guère de place au suspense, de la très longue montée des marches de Miss Björk au choix de madame Deneuve pour remettre la palme d'or. Dans son remerciement, Lars von Trier a rappelé qu'il était depuis Element of Crime en 1984 un abonné de Cannes. De fait, chaque fois primé, il était passé à deux doigts de la Palme il y a quatre ans avec Breaking The Waves (grand prix du jury). Entre l'ambition très affichée d'être moderne et la capacité à cueillir le public sur le terrain de l'émotion, la Palme récompense à la fois une veine expérimentale dans le coup (DV, etc.) et un récit populaire propre à essorer les foul
53e Festival international du film. Lars et la maniere.
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publié le 22 mai 2000 à 0h57
(mis à jour le 22 mai 2000 à 0h57)
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