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Libération
Critique

Théâtre. Chaos, ghetto, techno: portrait d'un quartier populaire par Alain Platel. Des «Indiens» dans la vie. «Tous des Indiens» de Arne Sierens et Alain Platel, au théâtre des Abbesses, jusqu'au 28 mai, à 20 h 30, dim à 15 h. Rens.01 42 74 22 77. Et au Festival d'Avignon, du 24 au 28 juillet.

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publié le 22 mai 2000 à 0h56

Coupe transversale d'un pâté de maison, côté quartier popu. Rien ne

manque au décor de Tous des Indiens ­ nouvelle création du chorégraphe et metteur en scène de Gand, Alain Platel, avec Arne Sierens, et suite d'une trilogie sur la famille après Moeder en Kind et Bernadetje. Ni les tuiles sur les toits, ni la plante verte du salon, ni les produits d'entretien sur la machine à laver, ni même le poster de pin-up dans les toilettes. Difficile de faire plus naturaliste. Dans l'espace scénique très étroit du théâtre des Abbesses, le public a presque le nez collé aux vitres derrière lesquelles surgissent les habitants, dans une ambiance survoltée de musique techno. En quelques mouvements, les situations s'amorcent. D'un immeuble à l'autre les conditions sont voisines. A droite, au premier, c'est Tosca, visage usé et voix de gouaille, qui fume clope sur clope à la fenêtre en gardant un oeil sur sa tribu d'enfants sans pères. De l'autre côté, chez Franky ­ le pompier aux gros bras squatté par sa soeur Mireille, empêtrée dans des histoires de mec ­ c'est la mère qui manque, et son probable retour de l'«asile» risque de tout perturber.

Voyeurisme. En deux répliques d'une banalité assumée, trajectoires individuelles et liens se dessinent dans ce théâtre du corps, axé sur le rapport voyeurisme/exhibitionnisme. Le grand Steve, lui, traîne son ennui adolescent, sa soeur rêve d'Amérique et la plus jeune, une blondinette à couettes, de Spice Girl. Il y a aussi Cri-Cri, femme de ménage suic